Les différentes espèces d'orchidées ont des exigences diverses (beaucoup apprécient un sol calcaire, mais certaines exigent un sol acide, certaines ont un caractère plus ou moins méditerranéen, d'autres plus ou moins humide,...). Un seul paramètre les réunit : le caractère « extensif » : on ne les trouve ni en terres cultivées, ni en terres fertilisées. Elles se montrent et peuvent abonder dans les prairies peu fertilisées et tous les milieux non cultivés (friches, landes, bois, talus, chemins,...).
Le département du Gers présente d'une part une assez grande superficie de prairies, et d'autre part, (parce qu'il est resté très rural), beaucoup de petits milieux non cultivés : on peut donc observer des Orchidées un peu partout, au hasard des promenades. Cependant, il est des zones où l'on a beaucoup plus de chances d'en rencontrer.
On peut en effet distinguer trois zones vis-à-vis de la fréquentation des Orchidées :
1. le Nord-Est du Département est majoritairement calcaire, et pourrait présenter une bonne densité d'Orchidées. Mais les prairies y ont quasiment disparu, les terres y sont quasiment toutes travaillées et les haies s'y font rares ; aussi les Orchidées, rares elles aussi, se réfugient sur quelques talus et dans quelques bois, et sont difficiles à observer.
2. l'Ouest Nord-Ouest, plus acide, présente encore une bonne densité de prairies (notamment de prairies de bords de cours d'eau), et de nombreux bois : les orchidées sont peu répandues, car elles se limitent aux espèces de milieux acides (moins nombreuses que les espèces de milieux calcaires) et de milieux humides.
3. le Sud du département présente à la fois beaucoup plus de prairies (et en général une agriculture beaucoup plus extensive) et une géologie plus nuancée, avec, entre autres, certains versants de coteaux très calcaires et très secs, idéaux pour des populations abondantes d'orchidées de type méditerranéen.
A l'intérieur de ces trois zones, on rencontre donc différents milieux qui accueillent chacun un cortège spécifique d'Orchidées : les pelouses calcaires sèches, les prairies humides, les bois et les talus de bord de route.   Les pelouses sèches calcairesLes pelouses calcaires sèches (appelées aussi landes) sont les milieux les plus riches en quantité d'espèces, du fait de la teneur élevée du sol en calcaire, de leur caractère fortement méditerranéen et d'une occupation humaine très faible (pâturage très extensif).
Elles sont surtout localisées dans la partie sud du département, sur les pentes accidentées des coteaux. Les plus riches sont incontestablement celles que l'on peut rencontrer dans les environs de Simorre, de Seissan et de Montesquiou.
Les Ophrys, espèces méditerranéennes par excellence, y sont fortement représentées de fin février avec l'Ophrys à forme d'araignée (Ophrys arachnitiformis) à l'Ophrys bourdon (Ophrys fuciflora) - que certains botanistes appellent d'ailleurs l'Ophrys du Gers (Ophrys aergitica)- en juin, en passant par l'Ophrys jaune, l'Ophrys brun, l'Ophrys de Gascogne, l'Ophrys araignée et petite araignée, l'Ophrys abeille, l'Ophrys mouche, l'Ophrys bécasse.Toutes poussent en abondance selon les saisons et les endroits.
Elles sont accompagnées des trois Sérapias : le Sérapia à long labelle, le Sérapia langue et le plus rare Sérapia en cœur. L'Orchis punaise qui est protégée au niveau national, est assez fréquente sous sa forme bien odorante (fragans) fin mai début juin . Orchis singe et militaire se succèdent et s'hybrident fréquemment avec la très commune Orchis pourpre. Les Orchis pourpre, pyramidale et moustique, quant à elles, se chargent de colorer ces pelouses de leurs rose éclatant et abondant.
A l'ombre des petits chênes pubescents, on peut observer la Platanthère verte, plus rarement sa cousine la Platanthère à deux feuilles, la Céphalanthère de Damas, et parfois des Acéras homme pendu. La superbe Orchis papilionacée aurait été observée du côté de Monstesquiou...
En résumé, les landes du Gers sont, pour l'amateur d'Orchidées, un véritable émerveillement. On peut cependant déplorer leur disparition progressive, suite à l'arrêt du pâturage traditionnel de ces zones qui, s'il n'est que très extensif, n'en est pas moins indispensable au maintien des Orchidées, qui supportent mal l'embroussaillement. |
|   Les prairies humidesAu mois de mai, on a l'œil attiré, ici et là au bord des rivières et des ruisseaux du département (l'Arrats, la Gimone, le Gers, l'Izaute, le Bergon,...), par de superbes prairies roses : ce sont là les dernières prairies humides du département, qui ont échappé aux retournements et aux drainages systématiques de notre agriculture moderne.
Elles doivent leur coloration à la superbe Orchis à fleurs lâches, qui fleurit toujours abondamment et vivement. En parcourant (avec des bottes ! ) ces prairies, on peut rencontrer de discrets groupes de Dactylorhiza incarnat. Peut-être aussi aura-t-on la chance (et l'œil) de voir la rare Orchis grenouille, voire l'hypothétique Epipactis des marais ? |
|  Les bois | Si le département est relativement peu boisé (10% du territoire, c'est peu par rapport à la moyenne française), on trouve néanmoins des petits bois un peu partout. Leurs lisières sont souvent riches en Orchidées : le Dactylorhiza de Fuchs est souvent là, accompagné parfois de l'Acéras homme pendu.
Lorsqu'on est sur un banc calcaire, on découvre parfois la belle violette Limodore à feuilles avortées.
Céphalanthères et Platanthères peuvent aussi être au rendez-vous.
Sans doute des Epipactis se cachent-ils ici et là, tandis que les Neottie se terrent bien à l'ombre..
Tous ces petits bois cachent bien leur trésor. |
|  Les talus de bords de route | Eh oui ! Pourquoi aller chercher dans les pelouses sèches, les prairies humides, les bois, quand on aperçoit des milliers d'Orchidées sur le bord de nos routes ? Des exemples ? La route de Castelnau Barbarens à Faget-Abbatial regorge d'Orchis singe, les Orchis pourpre se pressent jusque sur la Nationale 124, poussées par les Orchis pyramidales et les grandes Orchis bouc.
Les Ophrys ne sont pas de reste, même si elles sont plus discrètes : Ophrys abeille, araignée et bécasse se succèdent aussi sur les talus. Même en septembre, on peut apercevoir des milliers de Spiranthes sur les bas-côtés de la route de Mirande et la pelouse de l'hôpital, à la sortie d'Auch !
Pourquoi ce succès de nos bords de route ? Enherbés, ils présentent des conditions d'entretien (fauche régulière, pas de désherbants, des conditions parfois très sèches) favorables aux Orchidées, du moins aux espèces les moins exigeantes. |
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